jeudi 28 janvier 2016

MES VOEUX pour 2016




Mesdames, Messieurs, chers amis,

 

L’année 2016 s’ouvre et comme le veut la tradition nous sommes réunis pour échanger des vœux, pour souhaiter  que cette année soit heureuse pour chacune et chacun d’entre vous,  que vous soyez en bonne santé, que les heurts et douleurs de la vie vous épargnent. Pour nous souhaiter collectivement une année d’espoir, de solidarité.

 

La tradition veut également que nous jetions, à regret tant elle fut mauvaise, un coup d’œil dans le rétroviseur sur l’année 2015.

 

A cette même époque, l’année dernière je vous présentais mes vœux alors que nous venions de subir une première vague d’attentats qui avaient bouleversé notre pays et nous n’imaginions pas alors (même si la crainte était présente dans nos esprits) vivre à nouveau –et avec quelle ampleur- la terrible attaque du 13 novembre.

 

A ce moment, nous avons tous une pensée pour les victimes de ces attentats odieux, pour ces innocents dont le seul crime était de vivre libres dans une société ouverte et généreuse, de s’exprimer librement, d’aller au concert , de partager un verre à la terrasse d’un café.

 

La France est en guerre, c’est par ces mots que le Président de la République ouvrait la réunion du congrès à Versailles le 16 novembre, la réalité de cette situation nous a tous frappés de plein fouet et plus rien ne peut désormais être regardé comme avant.

 

L’état d’urgence proclamé et reconduit, le renforcement des mesures de sécurité, l’intensification des frappes militaires en Syrie et en Iraq , l’unité de la Nation pour faire front à Daesch, c’est la réponse d’un état démocratique aux actes de guerre qui lui sont imposés par une armée d’une nature nouvelle, une armée de terroristes fanatiques, sanguinaires, ne reculant devant aucune atrocité.

 

Le modèle des sociétés démocratiques occidentales est attaqué, la France est touchée, dans ses valeurs les plus profondes et dans sa chair et la réponse des Français aux attentats réinterroge le sentiment national que certains extrémismes essaient de confisquer.

 

Or la Nation nous appartient, à nous tous et je voudrais vous rappeler la définition qu’en donne Ernest Renan :

« Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n'en font qu'une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L'une est dans le passé, l'autre dans le présent. L'une est la possession en commun d'un riche legs de souvenirs ; l'autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l'héritage qu'on a reçu indivis…

Avoir des gloires communes dans le passé, une volonté commune dans le présent ; avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore, voilà les conditions essentielles pour être un peuple. …

«avoir souffert ensemble» ; oui, la souffrance en commun unit plus que la joie. En fait de souvenirs nationaux, les deuils valent mieux que les triomphes, car ils imposent des devoirs, ils commandent l'effort en commun.

Une nation est donc une grande solidarité, constituée par le sentiment des sacrifices qu'on a faits et de ceux qu'on est disposé à faire encore. »

 

La réaction spontanée des français le 11 janvier ne dit pas autre chose que cette appropriation commune de la Nation et la volonté de poursuivre, ensemble. L’idée nationale n’appartient à aucun parti, surtout pas aux plus extrémistes, mais elle exige l’adhésion de tous les membres de la communauté.

 

Dans ce cas, comment un terroriste, condamné pour des actes commis contre la Nation Française, au nom d’une idéologie fanatique qui rejette tout ce qui fonde les valeurs de base et la construction de notre démocratie, qui au nom de cela massacre ses concitoyens, comment un tel individu pourrait-il être encore membre à part entière de cette communauté nationale ?

 

Quelle forme donner à cette exclusion ?

comment viser les coupables et eux seuls ?

La question nous est posée par la proposition de réforme de notre Constitution.

 

Je ne sais à cet instant s’il faut parler de déchéance, d’indignité nationale, de bannissement, il faut trouver la formule adéquate, celle qui n’atteindra que les coupables sans blesser quiconque d’autre.

Mais ce qui importe c’est de prendre une mesure forte et symbolique qui acte la séparation d’avec la communauté nationale pour tous ceux qui sont condamnés pour acte de terrorisme, qu’ils soient bi-nationaux ou mono-nationaux et que cela se traduise par une privation des droits civiques, civils et familiaux qui sont attachés à la nationalité.

 

Parce que la menace est d’une nature nouvelle et durable, notre société doit adapter son arsenal de réponse. Parce que le risque de nouvelles frappes est toujours là, et à son niveau maximum, la France ne peut relâcher sa vigilance, l’état de droit ne doit pas être l’état de faiblesse .

 

 

Parce que ce que cherchent à faire les terroristes c’est briser l’unité nationale et fragiliser toutes les démocraties, que leur volonté est d’instaurer ce que Mireille Delmas-Marty appelle une « guerre civile mondiale et permanente » il faut plus que jamais être capables d’oublier les ambitions politiciennes, les querelles de clocher pour se retrouver autour de la défense de nos valeurs et dans la réaffirmation de notre volonté de vivre ensemble, dans les règles qui sont celles de notre république et qui s’appliquent à tous.

 

Pardonnez la gravité de ce propos en ce moment de vœux, mais je crains que dans notre monde médiatique, soumis au dictat de l’immédiateté, on oublie trop vite ce contexte qui pèse sur toute nos actions.

La commémoration est utile mais nous ne sommes pas encore dans le temps d’après, nous ne sommes pas dans le passé, malheureusement, mais dans un présent qui dure et durera sans doute encore longtemps.

 

Au delà de cette menace terroriste, nous vivons dans un monde en pleine mutation avec tout ce que cela comporte de violence, de violence pure et aussi de violence sociale, mais aussi de raisons d’espérer et de construire :

 

-         la situation géo-politique internationale à laquelle nous nous intéressons trop peu ou trop partiellement, comme si la France était dans une bulle et non pas au sein d’un monde en pleine effervescence, les changements climatiques, amènent aux portes de l’Europe des flots de migrants chassés de leurs terres par la guerre ou par la misère, ou par les deux trop souvent. L’Europe que nous avons bâtie pour garantir la paix, mais aussi il faut bien le dire un certain niveau d’opulence, a l’impérieux devoir de faire face de manière globale à cette situation et de jouer pleinement son rôle. On ne peut pas laisser les Etats, seuls face à ces situations, gérer l’urgence ou se prémunir avec des protections de pacotille, les frontières de barbelés ne tiendront pas longtemps si l’on ne s’attaque pas aux sources du problème.

 

-         La compétition économique mondialisée, la rapidité de l’évolution industrielle et technique, l’économie numérique qui bouleverse le modèle productif, l’instabilité des économies émergentes, malmènent les économies traditionnelles qui n’ont pas su adapter leur modèle, souvent libéral, aux réalités d’aujourd’hui et plus encore à celles de demain.

 

 

Dans ce monde en ébullition, nos sociétés s’adaptent dans la douleur, forcées d’intégrer ce mouvement inéluctable et en même temps soucieuses de préserver un modèle économique et social stable et protecteur pour leurs citoyens.

 

C’est à ces défis immenses que nous sommes confrontés, c’est à ces questions fondamentales pour l’avenir que le politique doit apporter des réponses et tracer un chemin.

C’est aussi dans ce contexte que s’inscrit l’action du gouvernement et du parlement. C’est ce qui justifie l’ampleur des réformes de fond engagées depuis 2012.

 

Je ne vais pas me lancer dans un plaidoyer pro-domo de l’action du gouvernement, ni me livrer à l’exercice favori de certains de mes collègues en fustigeant systématiquement toutes ses positions ;

 

Je voudrais simplement m’entretenir avec vous d’un sujet majeur qui me tient particulièrement à cœur :  la politique de l’emploi, de la formation et de l’apprentissage que le Président de la République vient de remettre au cœur de notre action pour 2016.

 

la France subit depuis plus de trente ans une situation de chômage de masse que les politiques menées par les gouvernements successifs n’ont pas réussi à faire régresser.

Ce fléau remet en cause l’existence même de notre modèle social et nourrit l’exaspération, les doutes et les frustrations.

Pour combattre ce fléau, il sera encore nécessaire de renforcer les mesures nationales : soutien à l’embauche dans les PME, lancement d’un plan d’ampleur pour la formation et la qualification des chômeurs, élargissement de l’offre de formation de l’apprentissage, mais il faudra aussi pour réussir, ne pas hésiter à s’appuyer sur les initiatives et la volonté des acteurs de terrain.

Je me réjouis à cet égard, d’avoir pu défendre -et faire voter à l’unanimité au Sénat - au nom de la commission des affaires sociales, la proposition de loi de mon collègue député Laurent Grandguillaume, reprenant une idée d’ATD Quart Monde, qui permettra d’expérimenter, sur quelques territoires dans un premier temps, (dont celui, je l’espère de la communauté de communes de Prémery) un dispositif permettant à des entreprises de l’économie sociale et solidaire d’embaucher en contrat à durée indéterminée des demandeurs d’emploi, afin de développer des activités répondant à des besoins économiques et sociaux locaux. Ces emplois seront financés en réutilisant les diverses allocations liées au chômage qui seront transformées en soutien à l’emploi.

C’est ce qu’on appelle dans le langage technocratique l’activation des dépenses passives.

Je crois beaucoup dans ces initiatives, nées sur nos territoires de la volonté des acteurs locaux, et me réjouis qu’elles puissent ainsi trouver le soutien du gouvernement.

Ce qui est vrai pour cette expérimentation de « territoires zéro chômeur de longue durée », le sera aussi, j’en suis certaine pour d’autre projets :

comme ceux portés par l’association pour les nouvelles ruralités que préside Patrice Joly.

Ou pour la proposition faite au Premier ministre par Marie-Guite Dufay, notre nouvelle Présidente de Région, d'expérimenter en Bourgogne-Franche-Comté des dispositifs innovants en matière d'apprentissage, d'orientation et de sécurisation des parcours professionnels.

 

C’est en effet au plus près du terrain que l’on est en mesure d’imaginer des solutions innovantes adaptées aux situations locales et  comme le dit la sagesse populaire, c’est aussi avec de petits ruisseaux que l’on fait les grandes rivières.

 

 

Mesdames et messieurs, chers amis je ne veux pas allonger mon propos en abordant d’autres sujets de fond qui sont au cœur de notre actualité et mériteraient à eux seuls une intervention dédiée : la réforme territoriale qui entre en application, la formation de nouvelles intercommunalités, les grandes régions qui viennent de se constituer, les difficultés financières des collectivités, ce sont des sujets que nous avons l’habitude de traiter lors de mes visites dans vos communes et dans les entreprises et que nous pourrons aborder dans la discussion autour d’un verre dans quelques instants.

 

Je ne voudrais pas néanmoins terminer cette intervention, ici à Château-Chinon, sans dire quelques mots de ce que sera en 2016 l’année François Mitterrand. J’ai eu le plaisir de me rendre à Jarnac en compagnie de Guy Doussot pour les cérémonies du 20 éme anniversaire de son décès, nous commémorerons également le 26 octobre le centenaire de sa naissance, mais c’est surtout à Château-Chinon, sa ville, là ou le 10 mai 1981 il prononça son premier discours après son élection à la Présidence de la République, que tous ceux qui sont fidèles à sa mémoire, à sa pensée et à son œuvre, auront l’occasion de se réunir le 10 mai. Le programme de cette journée sera bientôt rendu public, nous travaillons à sa finalisation, mais d’ores et déjà je vous invite à retenir cette date sur vos agenda.

Pour conclure, je vous renouvelle mes vœux pour cette année 2016, qu’elle s’ouvre sous les meilleures auspices et nous donne la possibilité de faire la démonstration qu’avec de la volonté, de la bonne volonté, du courage et sans doute un peu d’obstination, on peut parvenir à relever les défis internationaux, nationaux et surtout locaux. La Nièvre est un beau département, elle fourmille d’initiatives, de pionniers, d’entrepreneurs et d’acteurs locaux convaincus de ses possibilités. C’est en travaillant ensemble, main dans la main, que nous ferons bouger les lignes et lui construirons un avenir.

Bonne année à tous.

 

 

Sénat - communiqués de presse