En proclamant le 25 novembre « Journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes », l’Organisation des nations unies (ONU) invitait les gouvernements et les organisations non gouvernementales à organiser ce jour-là des activités destinées à sensibiliser l’opinion publique à ce problème.
A Nevers, Madame la Préfète en lien avec les associations de lutte contre
les violences faites aux femmes et l’ANDAVI
( Association Nationale D’Aide aux Victimes ) ont organisé une conférence de
presse. Ce fût l’occasion de présenter le 3ème plan interministériel
de lutte contre les violences faites aux femmes, dont vous trouverez une
synthèse ci-dessous.
Je publie également le discours que j’ai
prononcé à cette occasion.
Le troisième plan
interministériel de lutte contre les violences faites aux femmes couvre la
période de 2011 à 2013. Il s’inscrit dans la continuité des précédents en
maintenant sur les questions de violences intrafamiliales, de mariages forcés
et de polygamie une vigilance soutenue.
Mais il aborde également la
question des violences sexistes et sexuelles au travail, ainsi que le viol et
les agressions sexuelles, et les liens entre la prostitution et la traite des
êtres humains. Il conjugue trois orientations : protection, prévention et
solidarité.
Protection: dans chaque département seront mis
en place un accueil de jour en charge de préparer ou d’éviter le départ du
domicile de la femme victime d’un conjoint violent, un « référent violences »
coordonnateur de l’action publique et un lieu de rencontre familiale permettant
que la femme victime de violences au sein du couple ne soit pas exposée lorsque
le conjoint éloigné du domicile rencontre leurs enfants communs.
Prévention: un programme d’études permettra
d’évaluer l’efficacité des politiques publiques sur l’ensemble des volets du
plan. Des formations destinées à améliorer le repérage et la prévention des
situations de violence seront dispensées à l’ensemble des professionnels :
magistrats, policiers et gendarmes, travailleurs sociaux, professionnels de
santé et aussi personnels des ambassades et des consulats et personnels de
l’état civil.
Solidarité: les violences faites aux femmes engagent la responsabilité citoyenne
des personnes témoins de ces violences, proches, voisins, ou collègues de
travail. Trois campagnes d’information seront lancées à destination du grand
public sur la dénonciation du viol, sur les violences sexistes et sexuelles au
travail et sur les liens existant entre prostitution et traite des êtres
humains.
Mon
discours prononcé lors de la
Conférence de presse du 25 novembre :
Mesdames,
Messieurs,
Je
souhaite, en premier lieu, remercier les organisateurs de cette journée,
malheureusement toujours instituée, et vous dire que, dans le monde entier, des
moments salutaires comme celui-ci se déroulent en présence d’acteurs, toujours
plus nombreux et évidemment convaincus du bien-fondé de ce combat légitime.
Mon propos résumera la position de deux
parlementaires, femmes élus et militantes du département, qui travaillent,
conjointement sur cette problématique, et qui ont toujours forgé une partie de
leur engagement en faveur de l’égalité.
Avant
de livrer les quelques mots que j’ai préparé pour vous indiquer quelle est notre
travail, je voudrai bien évidemment dire que nous sommes très mobilisées sur
cette
redoutable
question depuis des années et que le chemin est encore long pour éradiquer ces
violences faites aux femmes.
Malgré
un arsenal législatif qui ne cesse de se renforcer, nonobstant une mobilisation des élus femmes et
hommes qui ont œuvré, lancé des idées, travaillé et pensé depuis plusieurs
années les mécanismes de lutte contre ce phénomène sociétal, il faut remarquer
que nous assistons à un bilan mitigé.
A cet
égard, les parlementaires se sont toujours indignées depuis des années, de la
sémantique utilisée lors de procès d’assises retentissants, pour parler des
meurtres au sein du couple, où, l’on évoquait simplement un crime passionnel
« plus propre à émouvoir un jury»,
comme le notait Yvette ROUDY.
Au
vocable suranné, il a aussi fallu combattre les représentations sociétales
éculées, et mettre à mal la conception patriarcale de notre société pour faire
avancer l’égalité.
Les
délégations parlementaires aux droits des Femmes, dans chacune des Assemblées, n’ont
été créées que par la loi du 12 juillet 1999, avec pour mission d’opérer une
veille sur ces sujets d’importance nationale, de rappeler les combats qu’il
reste à mener et de proposer une nouvelle impulsion législative pour parvenir à
endiguer les injustices constatées.
Je
tiens à souligner que ces deux missions se déroulent dans un très large
consensus pour faire avancer de nouveaux droits.
Nos
auditions, ces dernières mois, ont été réalisées, dans le cadre, de projet de
loi sur l’égalité professionnelle, la réforme des retraites, la lutte contre la
traite des femmes, contre la prostitution, sur le harcèlement ou bien encore la
loi sur l’école.
Tous
ces grands dossiers ont bien évidemment, à notre sens, des incidences sur les violences faites aux
femmes car rémunérer de manière non égalitaire une femme, diminuer du fait de
contraintes liées à la maternité les pensions de retraite, procéder à des
discriminations constituent un socle de violences, toujours silencieuses mais
sur lesquelles il convenait de retrouver justice, solidarité et fraternité
républicaine.
Nous
proposons donc des adaptations au projet de loi et c’est ainsi que nous avons
permis que le congé maternité soit pleinement comptabilisé dans le nouveau
projet de loi sur les retraites, combat que nos deux délégations ont porté dès
2003.
La
société a évolué, la loi aussi, et dans nos assemblées parlementaires, nous
sommes très vigilantes à l’évolution du phénomène de violences conjugales dont
nous regrettons qu’elles ne soient pas plus médiatisées.
Les
violences faites aux femmes ne s’arrêtent pas au sein du couple et je pourrai
également évoquer le viol qui est un sujet encore trop tabou.
Dans le
cadre de nos missions parlementaires, nous pouvons constater plusieurs
points :
Tout
d’abord, cette problématique traverse largement les logiques purement pénales
et la seule nécessité d’une répression très forte.
Il est
impératif de lancer des politiques de prévention en direction des populations
jeunes pour leur enseigner que tout phénomène de violences doit être
constamment refusé et dénoncé.
Nous
avons le devoir d’éduquer les jeunes comme on le fait sur la santé ou les
addictions, les premiers effets de ces politiques publiques seront très longs à
voir le jour, sans nul doute sur une génération, mais il faut, plus que jamais,
dès à présent, lancer le mouvement.
En second
lieu, nous ne pourrons pas faire l’impasse de dépasser les stéréotypes encore
trop largement éprouvés par de trop nombreux concitoyens.
Les
violences ne sont pas l’apanage de
personnes fragiles, sous l’emprise de l’alcool ou en situation de surendettement.
Ce schéma simpliste doit être revu pour l’appréhender à sa juste mesure.
Les
violences envers les Femmes, pas seulement conjugales, traversent toutes les
sphères de notre société, et toutes les femmes doivent trouver secours et
assistance de la part de la nation.
En
troisième lieu, et je conclurai par cela, il faut briser la chaîne de transfert
des violences, de génération en génération, et envisager ces violences dans la
sphère familiale.
Il faut
accompagner les enfants témoins, les parents et beau parents des victimes
parfois les frères et les sœurs car tous impactés par ces actes répréhensibles.
L’erreur
de notre nation a été de ne pas entendre ce qui était sous-jacent à toutes ces
violences, le phénomène de reproduction ou de transfert.
Sur
tous ces sujets, nous travaillons. Le plan lancé par la Ministre fixe des axes
forts et doit être décliné sur le territoire.
Cette
journée est le préalable et aussi, je l’espère, le lancement de la mise en
mouvement du nouveau plan décidé par la Ministre aux droits des femmes.
Martine
CARRILLON COUVREUR et moi-même prendront toute notre place pour vous épauler,
nous allons d’ailleurs rencontrer après l’INAVEM pour une séance de travail sur
ce point.
Nous
continuerons de soutenir toutes les initiatives, Rosa PARKS disait au peuple
américain « faites ce qui est juste », je suis convaincue que nous
participons au ce mouvement qui consiste à rendre aux femmes victimes de
violences leur dignité.
Merci