J'ai eu l'honneur de participer à la cérémonie de panthéonisation présidée par François Hollande , mercredi 27 mai , journée nationale de la Résistance.
Quatre vies marquées par l'esprit de Résistance ont été honorées
ce jour là avec l'entrée au Panthéon de Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre
Brossolette, Germaine Tillion et Jean Zay.
J'ai pu suivre au plus près cette émouvante cérémonie et vivre ce moment d'histoire en directe . Je vous livre qulques photos prises de la tribune où j'étais . Vous pouvez également en trouver d'autres sur ma page facebook .
Serge
Klarsfeld, Marie-Jo Chombart de Lauwe et Cécile Rol Tanguy assistent à
l'hommage solennel de la Nation
à Pierre Brossolette, Germaine Tillon, Genevieve de Gaulle Anthonioz et Jean Zay.
- Pierre Brossolette
(1903-1944): intellectuel brillant, il fut l'un des chefs les plus prestigieux
de la Résistance ,
qui choisit la mort pour ne pas livrer à ses bourreaux de la Gestapo ses secrets
essentiels de la France
libre.
Né le 25 juin 1903 à Paris dans une famille laïque et républicaine,
socialiste, il est reçu premier, à 19 ans, devant Vladimir Jankelevitch, à
Normale sup et décroche l'agrégation d'histoire.
Dès 1930, il prévient:
"si nous n'aidons pas la
République de Weimar (...) nous aurons un dictateur en
Allemagne et, comme tous les dictateurs, il amènera la guerre".
En 1938,
il travaille au "Populaire", journal de Blum. Interdit d'enseigner
par Vichy, il entre dans la clandestinité dès début 1941.
Arrêté en Bretagne, torturé pendant deux
jours au siège parisien de la
Gestapo , il se jette par la fenêtre le 22 mars 1944, sans
avoir parlé.
Geneviève de Gaulle-Anthonioz (1920-2002): la nièce
du général - fille de son frère aîné Xavier - a, de Ravensbrück aux bidonvilles
de banlieue, combattu sans relâche ce qu'elle appelait
"l'inacceptable". Etudiante en histoire, elle rejoint le Réseau du
Musée de l'Homme, un des premiers créés à Paris.
Dénoncée et arrêtée en 1943, elle est internée à
Fresnes, puis déportée en janvier 1944 à Ravensbrück. Elle y côtoiera Germaine
Tillion et Marie-Claude Vaillant-Couturier. Expérience qu'elle n'évoquera dans
un livre, "La traversée de la nuit" qu'à la toute fin de sa vie.
Revenue
de l'enfer, elle aurait pu se satisfaire de sa vie de mère de famille - quatre
enfants avec son mari Bernard Anthonioz - travaillant au ministère de la Culture avec André
Malraux.
Mais, en 1958, elle rencontre le père Joseph Wresinski, créateur du
mouvement "Aide à toute détresse", qui deviendra ATD Quart-Monde.
En
1964, elle prend la tête de l'association.Au printemps 1996, à 76 ans, cette
petite femme d'apparence fragile mais forte comme l'acier plaide, devant les
députés, en faveur d'un projet de loi de cohésion sociale finalement adopté,
après bien des avatars, en 1998. La même année, elle avait été la première
femme décorée de la
Grand-croix de la
Légion d'honneur. Son dernier livre s'appelle "Le secret
de l'espérance".
Déportée
trois ans à Ravensbrück, en même temps que sa mère Emilie qui n'en reviendra
pas, elle s'applique à étudier le système concentrationnaire "comme une
famille de chacals".
Celle qui se disait "patriote française
mais plus encore, patriote de la justice et de la vérité", était née le 30
mai 1907 à Allègre (Haute-Loire) dans une famille d'intellectuels catholiques.
Elève du sociologue Marcel Mauss, elle part en 1934 enquêter dans les Aurès sur
la population berbère. Mi-historienne, mi-reporter, elle y effectue quatre
missions.
Elle participe à la création du "Réseau du
Musée de l'Homme". A son retour des camps, elle travaillera au CNRS et à
l'Ecole pratique des Hautes études.
En 1955, elle renoue avec l'Algérie où elle
analyse les dysfonctionnements de la société coloniale, enquête sur la
torture.
"Mise à part ma
captivité en Allemagne, j'ai été libre tout le temps", assurait celle qui
était l'une des Françaises les plus décorées.
- Jean Zay (1904-1944): Résistant, républicain
et humaniste, ministre de l'Education du Front populaire, Jean Zay est une
victime emblématique de Vichy, assassiné par la Milice.
Ce laïc se lance en politique aux côtés de la
gauche radicale, après avoir été journaliste et avocat. Initiateur de la
démocratisation de l'enseignement et de la culture, on doit à ce jeune
visionnaire franc-maçon, la scolarité obligatoire jusqu'à 14 ans, l'éducation
physique à l'école, l'interdiction du port d'insignes politiques et religieux
dans les établissements scolaires.
Père fondateur du Festival de Cannes (qui
aurait dû être inauguré en septembre 1939), il démocratise les musées, a l'idée
du Palais de la Découverte ,
du CNRS et de l'ENA.
Né à Orléans le 6 août 1904, il était devenu le
plus jeune député de France à 27 ans puis ministre de Léon Blum à 31.
Il démissionne dès le
1er septembre 1939, pour rejoindre son poste aux armées, et s'embarque avec 26
autres parlementaires pour Casablanca à bord du "Massilia".
Arrêté à
Rabat, le 16 août 1940, renvoyé en métropole, cet homme de convictions est
condamné pour "désertion" à la déportation perpétuelle et à la
dégradation militaire. Il croupit près de quatre ans en prison à Marseille puis
à Riom (Puy-de-Dôme).
Le 20 juin, il est tiré de sa cellule et abattu dans une
carrière abandonnée.
Arrêté ultérieurement, un de ses assassins témoigne qu'il
est mort en s'écriant: "Vive la
France ".