jeudi 28 novembre 2013

Retour sur la journée du 25 novembre : journée internationale pour l'élimination des violences à l'égard des femmes


En proclamant le 25 novembre « Journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes », l’Organisation des nations unies (ONU) invitait les gouvernements et les organisations non gouvernementales à organiser ce jour-là des activités destinées à sensibiliser l’opinion publique à ce problème.


A Nevers, Madame la Préfète  en lien avec les associations de lutte contre les violences faites aux femmes  et l’ANDAVI ( Association Nationale D’Aide aux Victimes ) ont organisé une conférence de presse. Ce fût l’occasion de présenter le 3ème plan interministériel de lutte contre les violences faites aux femmes, dont vous trouverez une synthèse ci-dessous.
Je publie également le discours que j’ai prononcé à cette occasion.

Le troisième plan interministériel de lutte contre les violences faites aux femmes couvre la période de 2011 à 2013. Il s’inscrit dans la continuité des précédents en maintenant sur les questions de violences intrafamiliales, de mariages forcés et de polygamie une vigilance soutenue.
Mais il aborde également la question des violences sexistes et sexuelles au travail, ainsi que le viol et les agressions sexuelles, et les liens entre la prostitution et la traite des êtres humains. Il conjugue trois orientations : protection, prévention et solidarité.

Protection: dans chaque département seront mis en place un accueil de jour en charge de préparer ou d’éviter le départ du domicile de la femme victime d’un conjoint violent, un « référent violences » coordonnateur de l’action publique et un lieu de rencontre familiale permettant que la femme victime de violences au sein du couple ne soit pas exposée lorsque le conjoint éloigné du domicile rencontre leurs enfants communs.

Prévention: un programme d’études permettra d’évaluer l’efficacité des politiques publiques sur l’ensemble des volets du plan. Des formations destinées à améliorer le repérage et la prévention des situations de violence seront dispensées à l’ensemble des professionnels : magistrats, policiers et gendarmes, travailleurs sociaux, professionnels de santé et aussi personnels des ambassades et des consulats et personnels de l’état civil.

Solidarité: les violences faites aux femmes engagent la responsabilité citoyenne des personnes témoins de ces violences, proches, voisins, ou collègues de travail. Trois campagnes d’information seront lancées à destination du grand public sur la dénonciation du viol, sur les violences sexistes et sexuelles au travail et sur les liens existant entre prostitution et traite des êtres humains.


Mon discours prononcé lors de la Conférence de presse du 25 novembre :

Mesdames, Messieurs,
                                     
Je souhaite, en premier lieu, remercier les organisateurs de cette journée, malheureusement toujours instituée, et vous dire que, dans le monde entier, des moments salutaires comme celui-ci se déroulent en présence d’acteurs, toujours plus nombreux et évidemment convaincus du bien-fondé de ce combat légitime.

 Mon propos résumera la position de deux parlementaires, femmes élus et militantes du département, qui travaillent, conjointement sur cette problématique, et qui ont toujours forgé une partie de leur engagement en faveur de l’égalité.                                                          
                                                                              
Avant de livrer les quelques mots que j’ai préparé pour vous indiquer quelle est notre travail, je voudrai bien évidemment dire que nous sommes très mobilisées sur cette
redoutable question depuis des années et que le chemin est encore long pour éradiquer ces violences faites aux femmes.

Malgré un arsenal législatif qui ne cesse de se renforcer,  nonobstant une mobilisation des élus femmes et hommes qui ont œuvré, lancé des idées, travaillé et pensé depuis plusieurs années les mécanismes de lutte contre ce phénomène sociétal, il faut remarquer que nous assistons à un bilan mitigé.

A cet égard, les parlementaires se sont toujours indignées depuis des années, de la sémantique utilisée lors de procès d’assises retentissants, pour parler des meurtres au sein du couple, où, l’on évoquait simplement un crime passionnel « plus propre à émouvoir un jury», comme le notait Yvette ROUDY.

Au vocable suranné, il a aussi fallu combattre les représentations sociétales éculées, et mettre à mal la conception patriarcale de notre société pour faire avancer l’égalité.

Les délégations parlementaires aux droits des Femmes, dans chacune des Assemblées, n’ont été créées que par la loi du 12 juillet 1999, avec pour mission d’opérer une veille sur ces sujets d’importance nationale, de rappeler les combats qu’il reste à mener et de proposer une nouvelle impulsion législative pour parvenir à endiguer les injustices constatées.

Je tiens à souligner que ces deux missions se déroulent dans un très large consensus pour faire avancer de nouveaux droits.

Nos auditions, ces dernières mois, ont été réalisées, dans le cadre, de projet de loi sur l’égalité professionnelle, la réforme des retraites, la lutte contre la traite des femmes, contre la prostitution, sur le harcèlement ou bien encore la loi sur l’école.

Tous ces grands dossiers ont bien évidemment, à notre sens, des  incidences sur les violences faites aux femmes car rémunérer de manière non égalitaire une femme, diminuer du fait de contraintes liées à la maternité les pensions de retraite, procéder à des discriminations constituent un socle de violences, toujours silencieuses mais sur lesquelles il convenait de retrouver justice, solidarité et fraternité républicaine.

Nous proposons donc des adaptations au projet de loi et c’est ainsi que nous avons permis que le congé maternité soit pleinement comptabilisé dans le nouveau projet de loi sur les retraites, combat que nos deux délégations ont porté dès 2003.

La société a évolué, la loi aussi, et dans nos assemblées parlementaires, nous sommes très vigilantes à l’évolution du phénomène de violences conjugales dont nous regrettons qu’elles ne soient pas plus médiatisées.

Les violences faites aux femmes ne s’arrêtent pas au sein du couple et je pourrai également évoquer le viol qui est un sujet encore trop tabou.

Dans le cadre de nos missions parlementaires, nous pouvons constater plusieurs points :

Tout d’abord, cette problématique traverse largement les logiques purement pénales et la seule nécessité d’une répression très forte.

Il est impératif de lancer des politiques de prévention en direction des populations jeunes pour leur enseigner que tout phénomène de violences doit être constamment refusé et dénoncé.

Nous avons le devoir d’éduquer les jeunes comme on le fait sur la santé ou les addictions, les premiers effets de ces politiques publiques seront très longs à voir le jour, sans nul doute sur une génération, mais il faut, plus que jamais, dès à présent, lancer le mouvement.

En second lieu, nous ne pourrons pas faire l’impasse de dépasser les stéréotypes encore trop largement éprouvés par de trop nombreux concitoyens.
Les violences  ne sont pas l’apanage de personnes fragiles, sous l’emprise de l’alcool ou en situation de surendettement. Ce schéma simpliste doit être revu pour l’appréhender à sa juste mesure.
Les violences envers les Femmes, pas seulement conjugales, traversent toutes les sphères de notre société, et toutes les femmes doivent trouver secours et assistance de la part de la nation.
En troisième lieu, et je conclurai par cela, il faut briser la chaîne de transfert des violences, de génération en génération, et envisager ces violences dans la sphère familiale.

Il faut accompagner les enfants témoins, les parents et beau parents des victimes parfois les frères et les sœurs car tous impactés par ces actes répréhensibles.

L’erreur de notre nation a été de ne pas entendre ce qui était sous-jacent à toutes ces violences, le phénomène de reproduction ou de transfert.

Sur tous ces sujets, nous travaillons. Le plan lancé par la Ministre fixe des axes forts et doit être décliné sur le territoire.

Cette journée est le préalable et aussi, je l’espère, le lancement de la mise en mouvement du nouveau plan décidé par la Ministre aux droits des femmes.
Martine CARRILLON COUVREUR et moi-même prendront toute notre place pour vous épauler, nous allons d’ailleurs rencontrer après l’INAVEM pour une séance de travail sur ce point.
Nous continuerons de soutenir toutes les initiatives, Rosa PARKS disait au peuple américain «  faites ce qui est juste », je suis convaincue que nous participons au ce mouvement qui consiste à rendre aux femmes victimes de violences leur dignité.

Merci



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