vendredi 29 mai 2015

CEREMONIE DE PANTHEONISATION PRESIDEE PAR FRANCOIS HOLLANDE le 27 MAI 2015




J'ai eu l'honneur de participer à la cérémonie de panthéonisation présidée par François Hollande , mercredi 27 mai , journée nationale de la Résistance.







Quatre vies marquées par l'esprit de Résistance ont été  honorées ce jour là avec l'entrée au Panthéon de Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette, Germaine Tillion et Jean Zay.

J'ai pu suivre au plus près cette émouvante cérémonie  et vivre ce moment d'histoire en directe . Je vous livre qulques photos prises de la tribune où j'étais . Vous pouvez également en trouver d'autres sur ma page facebook .





Serge Klarsfeld, Marie-Jo Chombart de Lauwe et Cécile Rol Tanguy assistent à l'hommage solennel de la Nation à Pierre Brossolette, Germaine Tillon, Genevieve de Gaulle Anthonioz et Jean Zay.



- Pierre Brossolette (1903-1944): intellectuel brillant, il fut l'un des chefs les plus prestigieux de la Résistance, qui choisit la mort pour ne pas livrer à ses bourreaux de la Gestapo ses secrets essentiels de la France libre.

 Né le 25 juin 1903 à Paris dans une famille laïque et républicaine, socialiste, il est reçu premier, à 19 ans, devant Vladimir Jankelevitch, à Normale sup et décroche l'agrégation d'histoire.


 Dès 1930, il prévient: "si nous n'aidons pas la République de Weimar (...) nous aurons un dictateur en Allemagne et, comme tous les dictateurs, il amènera la guerre". 

En 1938, il travaille au "Populaire", journal de Blum. Interdit d'enseigner par Vichy, il entre dans la clandestinité dès début 1941.

 A Londres, il devient proche du colonel Passy. S'il s'est rallié à de Gaulle sans réserve et a œuvré à l'unification de la Résistance, il reste un indiscipliné et s'oppose à Jean Moulin qui l'éclipsera dans la postérité. Il suscite l'hostilité des communistes et tient tête à de Gaulle. 

Arrêté en Bretagne, torturé pendant deux jours au siège parisien de la Gestapo, il se jette par la fenêtre le 22 mars 1944, sans avoir parlé.

Geneviève de Gaulle-Anthonioz (1920-2002): la nièce du général - fille de son frère aîné Xavier - a, de Ravensbrück aux bidonvilles de banlieue, combattu sans relâche ce qu'elle appelait "l'inacceptable". Etudiante en histoire, elle rejoint le Réseau du Musée de l'Homme, un des premiers créés à Paris.

Dénoncée et arrêtée en 1943, elle est internée à Fresnes, puis déportée en janvier 1944 à Ravensbrück. Elle y côtoiera Germaine Tillion et Marie-Claude Vaillant-Couturier. Expérience qu'elle n'évoquera dans un livre, "La traversée de la nuit" qu'à la toute fin de sa vie.

Revenue de l'enfer, elle aurait pu se satisfaire de sa vie de mère de famille - quatre enfants avec son mari Bernard Anthonioz - travaillant au ministère de la Culture avec André Malraux. 

Mais, en 1958, elle rencontre le père Joseph Wresinski, créateur du mouvement "Aide à toute détresse", qui deviendra ATD Quart-Monde. 

En 1964, elle prend la tête de l'association.Au printemps 1996, à 76 ans, cette petite femme d'apparence fragile mais forte comme l'acier plaide, devant les députés, en faveur d'un projet de loi de cohésion sociale finalement adopté, après bien des avatars, en 1998. La même année, elle avait été la première femme décorée de la Grand-croix de la Légion d'honneur. Son dernier livre s'appelle "Le secret de l'espérance".




 - Germaine Tillion (1907-2008): héroïne de la Résistance, grande ethnologue, elle fut une inlassable combattante des droits de l'Homme. 

Déportée trois ans à Ravensbrück, en même temps que sa mère Emilie qui n'en reviendra pas, elle s'applique à étudier le système concentrationnaire "comme une famille de chacals".

Celle qui se disait "patriote française mais plus encore, patriote de la justice et de la vérité", était née le 30 mai 1907 à Allègre (Haute-Loire) dans une famille d'intellectuels catholiques. 

Elève du sociologue Marcel Mauss, elle part en 1934 enquêter dans les Aurès sur la population berbère. Mi-historienne, mi-reporter, elle y effectue quatre missions.

Elle participe à la création du "Réseau du Musée de l'Homme". A son retour des camps, elle travaillera au CNRS et à l'Ecole pratique des Hautes études.

En 1955, elle renoue avec l'Algérie où elle analyse les dysfonctionnements de la société coloniale, enquête sur la torture. 

"Mise à part ma captivité en Allemagne, j'ai été libre tout le temps", assurait celle qui était l'une des Françaises les plus décorées.

- Jean Zay (1904-1944): Résistant, républicain et humaniste, ministre de l'Education du Front populaire, Jean Zay est une victime emblématique de Vichy, assassiné par la Milice.

Ce laïc se lance en politique aux côtés de la gauche radicale, après avoir été journaliste et avocat. Initiateur de la démocratisation de l'enseignement et de la culture, on doit à ce jeune visionnaire franc-maçon, la scolarité obligatoire jusqu'à 14 ans, l'éducation physique à l'école, l'interdiction du port d'insignes politiques et religieux dans les établissements scolaires.

 Père fondateur du Festival de Cannes (qui aurait dû être inauguré en septembre 1939), il démocratise les musées, a l'idée du Palais de la Découverte, du CNRS et de l'ENA.

Né à Orléans le 6 août 1904, il était devenu le plus jeune député de France à 27 ans puis ministre de Léon Blum à 31.

Il démissionne dès le 1er septembre 1939, pour rejoindre son poste aux armées, et s'embarque avec 26 autres parlementaires pour Casablanca à bord du "Massilia".

 Arrêté à Rabat, le 16 août 1940, renvoyé en métropole, cet homme de convictions est condamné pour "désertion" à la déportation perpétuelle et à la dégradation militaire. Il croupit près de quatre ans en prison à Marseille puis à Riom (Puy-de-Dôme).

 Le 20 juin, il est tiré de sa cellule et abattu dans une carrière abandonnée.

 Arrêté ultérieurement, un de ses assassins témoigne qu'il est mort en s'écriant: "Vive la France".



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