jeudi 4 juin 2015

Point sur le VOTE en deuxième lecture de la LOI NOTR




Madame, Monsieur le Maire,

 

J'ai souhaité vous faire parvenir les éléments suivants qui font le point du vote, en 2ème lecture du Sénat, de la loi NOTRe.

 

Comme en première lecture, nos débats auront été constructifs. Le Sénat, en tant que représentant des collectivités territoriales, a, encore une fois, pleinement rempli son rôle, et nous avons eu, toutes et tous, à cœur de faire avancer ce projet de loi.

Nous avons travaillé collectivement, dans un état d'esprit constructif.

Nous avons toutes et tous conscience que nos territoires veulent de la stabilité. Nous avons conscience, aussi, que la réforme que nous sommes en train d'élaborer a vocation à s'inscrire dans la durée.

Les élus locaux et, au-delà, nos concitoyens ne veulent plus de changements incessants. Je rappelle, à cet égard, qu'il s'est écoulé vingt ans entre les actes I et II de la décentralisation, et qu'un peu plus de dix ans ont passé depuis les réformes portées par notre éminent collègue Jean-Pierre Raffarin.

L'organisation de la République décentralisée n'est pas un mécano que l'on monte et démonte au gré des majorités.

Nous constatons, à ce stade du débat, qu'il y a de réels points de convergence entre l'Assemblée nationale et le Sénat : sur la suppression de la clause de compétence générale des régions et des départements, sur le renforcement des compétences stratégiques des régions en matière de développement économique et d'aménagement du territoire, sur la reconnaissance de compétences recentrées dans le domaine des solidarités sociales et territoriales pour les départements.

Nous savons également, désormais, que le maintien des routes et des collèges dans le giron des départements est acquis.

Sur d'autres sujets, nous devons encore surmonter nos divergences. Nous sommes convaincus que cela sera possible dans la suite de la navette parlementaire et en commission mixte paritaire.

Je pense, notamment, à la compétence relative aux transports scolaires, sur laquelle nous devrions trouver un accord, et aux ports maritimes et intérieurs, dont le Sénat a voulu qu'ils restent de la compétence des départements. Je pense aussi au tourisme et à l'éventuel chef de filat confié à la région, ainsi qu'à l'accroissement des compétences du relèvement du seuil de création des intercommunalités.

Si nous ne sommes pas favorables à un seuil à 20 000 habitants, que nous estimons trop élevé, nous ne sommes pas davantage partisans du statu quo à 5 000 habitants. Nos territoires ont besoin d'évoluer. La meilleure manière de préserver les petites communes est bien de favoriser des regroupements à une échelle qui leur permette d'améliorer les services à la population

Le second point sur lequel le groupe socialiste ne saurait transiger concerne la remise en cause, intervenue ici en deuxième lecture, de l'application de la loi SRU :

L'article 55 de la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains, dite « loi SRU », qui impose un seuil de 20 % de logements sociaux 25 % dans les zones tendues est indispensable pour celles et ceux qui ne parviennent pas à se loger, indispensable pour la mixité, la cohésion et la paix sociale. Sur ce point, toute modification est inacceptable.

Le groupe socialiste, conscient par ailleurs des nombreux aspects positifs du présent projet de loi, s'abstiendra sur le texte proposé aujourd'hui au vote du Sénat.

 

Vous trouverez, ci-dessous, une note de la commission des lois sur les principales modifications apportées par le Sénat en deuxième lecture.
 


PRINCIPALES MODIFICATIONS ADOPTÉES PAR LE SÉNAT
EN DEUXIEME LECTURE

Au cours de cette deuxième lecture qui s’achève, le Sénat a adopté 34 articles dans la rédaction votée par l’Assemblée nationale et a, de même, maintenu, la suppression de 12 autres articles. Au terme de cette discussion, 100 articles restent en navette.
Les principales modifications adoptées par le Sénat, résultant du texte élaboré en commission et des amendements de séance (commission des lois, Gouvernement et sénateurs) sont les suivantes :
 
I. – La volonté d’un équilibre entre le maintien de compétences de proximité au département et de compétences stratégiques à la région
Le Sénat avait, dès la première lecture, supprimé la compétence générale des régions (article 1er) et des départements (article 24). Il a confirmé son vote précédent.
En revanche, le Sénat :
- a réintroduit la procédure de co-élaboration du schéma régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation (SRDEII), supprimée par l’Assemblée nationale, en prévoyant notamment (article 2) :
-- l’association, par la région, des EPCI à fiscalité propre et des chambres consulaires ;
-- la faculté d’un mécanisme de seconde délibération par la région en cas d’avis défavorable des trois cinquièmes des EPCI ;
-- la concertation des départements pour l’élaboration de ce schéma.
- a adopté la compatibilité des actions entreprises par l’ensemble des collectivités territoriales et de leurs groupements ayant une compétence économique, y compris les métropoles, avec le SRDEII (article 2) ;
- a réintroduit l’ambition décentralisatrice du Sénat de première lecture en attribuant à la région la responsabilité de coordonner les acteurs du service public de l’emploi à l’échelle régionale, sans remise en cause de la structure de Pôle emploi (article 3 bis) ;
- a de nouveau supprimé le chef de filat régional en matière de tourisme, pour maintenir le caractère partagé de cette compétence (article 4) ;
- a inclus les départements dans la concertation du plan régional de prévention et de gestion des déchets et supprimé la minorité de blocage conditionnant son adoption (article 5) ;
- a renforcé, comme pour le SRDEII, la procédure de co-élaboration du SRADDET et modifié le mécanisme de deuxième délibération, en prévoyant qu’il pouvait être mis en œuvre par la moitié des EPCI à fiscalité propre ou par la moitié des départements et des collectivités territoriales à statut particulier (article 6) ;
- a maintenu la gestion des transports scolaires et du transport des élèves handicapés aux départements et adopté le transfert des transports interurbains à la région (article 8) ;
- a adopté conformes la définition des axes routiers départementaux d’intérêt régional au sein du SRADDET (article 9) et la faculté de convention pour mutualiser les services entre collèges et lycées (article 12) ;
- a adopté l’évolution des périmètres des transports urbains afin de prendre en compte leur extension à des territoires relevant des transports interurbains (article 8 ter) ;
- a supprimé de nouveau le transfert des ports départementaux aux régions ou aux EPCI (article 11) ;
- a confirmé sa position en matière de renforcement par la région de la carte des formations supérieures et de la recherche (articles 12 bis A et 12 bis) ;
a précisé la compétence de solidarité territoriale des départements, notamment en élargissant l’ingénierie départementale au bloc communal à la voirie (article 24).
II. – Volet intercommunal : l’affirmation d’une intégration communautaire adaptée aux spécificités des territoires
Le Sénat a supprimé, comme en première lecture, le relèvement du seuil de l’intercommunalité de 5 000 à 20 000 habitants (article 14).
Il a confirmé son vote précédent en décalant d’un an le calendrier de révision des schémas départementaux de la coopération intercommunale (SDCI) (article 14) et d’autant, en conséquence, le calendrier de mise en œuvre des cartes révisées des EPCI à fiscalité propre et des syndicats (articles 15 et 16) ainsi que le calendrier d’élaboration et de mise en œuvre du schéma régional de la coopération intercommunale d’Île-de-France (article 17 bis).
En outre, il :
- a supprimé le renforcement des conditions permettant à des communes membres d’une communauté de communes ou d’une communauté d’agglomération de s’opposer au transfert automatique de la compétence en matière de document d’urbanisme (article 15 ter B) ;
- a supprimé l’institution du principe démographique pour la composition des organes délibérants des comités des syndicats de communes et mixtes, en raison de l’inaboutissement de la réflexion ouverte par l’Assemblée nationale (article 16 bis) ;
- a reporté aux prochaines élections municipales l’entrée en vigueur de la limitation aux membres des organes délibérants des collectivités territoriales et EPCI du choix de leurs délégués à un comité syndical pour en faciliter la mise en œuvre (article 16 ter A) ;
- a maintenu la nécessité de l’accord d’un tiers au moins des communes membres de chaque EPCI appelé à fusionner, au sein de la majorité requise pour valider le projet afin de favoriser un fonctionnement harmonieux de la nouvelle intercommunalité (article 17 bis B) ;
- a reporté d’un an, au 1er janvier 2017, la création de la métropole du Grand Paris et aligné sur le droit commun la désignation des représentants des communes au conseil de la métropole et aux conseils de territoire (article 17 septdecies) ;
- a supprimé l’élargissement des compétences obligatoires des communautés de communes et d’agglomération au tourisme, à l’eau et à l’assainissement (compétences transférées au sein des compétences optionnelles). En revanche, il a maintenu les déchets ménagers au sein des compétences obligatoires (articles 18, 19 et 20) ;
- a maintenu l’intérêt communautaire comme principe fondateur du transfert des compétences obligatoires des communautés de communes (article 18) et la majorité qualifiée en vigueur pour décider de l’intérêt communautaire (article 22 quater B) ;
- a supprimé l’article 22 octies prévoyant la fixation par la loi, avant le 1er janvier 2017, des modalités particulières pour l’élection des conseillers communautaires ;
 
- a repris l’économie générale de la loi Maptam telle que l’avait adoptée la commission des lois en première lecture, pour le dispositif de transfert ou de délégation, par convention, de compétences départementales à la métropole (article 23).
III. – Des dispositions diverses
A. La suppression du Haut Conseil des Territoires
Le Sénat a supprimé les dispositions relatives au Haut Conseil des Territoires, non pour s’opposer à la création d’une instance de dialogue entre l’État et les collectivités territoriales mais parce que cette instance relève du domaine règlementaire (article 1er bis).
B. En matière de responsabilité financière et budgétaire
Le Sénat :
- a supprimé la redevance de mouillage en raison des difficultés juridiques et pratiques qu’elle était susceptible d’entraîner (article 18 A) ;
- a permis aux collectivités territoriales qui le souhaitaient de recourir au cadre budgétaire unique M57 (article 30 A) et a élargi l’expérimentation des comptes à l’ensemble des collectivités territoriales, sans condition de recettes (article 32) ;
- a supprimé le dispositif d’action récursoire de l’État à l’encontre des collectivités territoriales en cas de condamnation pour manquement par la Cour de Justice de l’Union européenne dans le cadre d’une compétence décentralisée, tout en saluant les efforts du Gouvernement pour prendre en compte les objections du Sénat formulées en première lecture (article 33).
C. En matière de services au public
Le Sénat a adopté les schémas d’amélioration de l’accessibilité des services au public ainsi que le principe des maisons de services au public (articles 25 et 26).
IV. – La création de la collectivité unique de Corse
Le Sénat a voté la création, au 1er janvier 2018, de la collectivité unique de Corse, en lieu et place de la collectivité territoriale de Corse et des départements de Corse du Sud et de Haute-Corse, dans une rédaction légèrement modifiée par rapport au texte adopté par l’Assemblée nationale (article 13).
 
 
 
 
 

Sénat - communiqués de presse